Extrait

" Les vagues ont un chemin qui ressemble à ma vie. Elles vont et viennent. Elles ramènent avec elles, parfois sur les bords, les habitants du dedans... Du vivant ou des morceaux tranchants. Des bouts de verre que la mer a polis. Les vagues douces caressent le sable d'une écume moelleuse... ou bien elles déferlent. Elles claquent contre la roche solide, elles explosent contre elle. On ne sait jamais si elles se font mal.

Les vagues vont et viennent et parfois elles accrochent l'âme. La mienne fut prise des années dans un flot violent sur lequel je naviguais mal... Sur lequel je me heurtais aux lames de fond, aux tourbillons. Je nageais avec difficulté. Je pataugeais dans la vase jusqu'à très loin m'y enfoncer. Je perdais l'air et parfois le retrouvais jusqu'à en comprendre peut-être la nécessité. Juste toucher le fond pour s'élancer en surface. S'accrocher à la barre et guider son navire sur une route plus calme. Je confonds le sud et perds parfois le nord mais d'est en ouest je parcours le chemin du soleil en n'oubliant jamais qu'il est quelque part par là.

Souvent, il arrive qu'on garde les choses à l'intérieur de soi. On les garde enfouies, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus. Je devenais une cocotte minute, prête à exploser. Il fallait que les choses sortent de mon corps. Alors j'ai choisi d'écrire. De poser les maux et les mots sur une feuille de papier, en me disant qu'au travers eux, je trouverai peut-être l'explication, peut-être la solution.

Transcription d'années de partages constants avec moi-même, de questionnements permanents à la recherche de ma liberté. Extériorisation d'une souffrance trop souvent cachée. Rencontre avec moi-même pour tenter de comprendre aujourd'hui que rien n'est impossible. L'important est de toujours croire que même dans les moments les plus sombres, toujours une étoile quelque part brille pour nous. Je crois que nous ne sommes pas là pour rien.

Ce texte, c'est moi. Il est le travail d'une longue remise en question qui m'aura permis à certains moments d'accepter de sourire et surtout d'aimer cela. Même au travers les nuages le soleil est présent. Et ce n'est pas parce qu'on en voit pas les rayons qu'il ne faut pas y croire. Saint Thomas n'a pas toujours raison."

Extrait de La Porte du Bout du Couloir / page 14-15

18/02/2015